Beaucoup de personnes âgées se retrouvent seules, dans une maison trop grande, avec parfois de petits revenus, quand de jeunes étudiants ou jeunes actifs n’ont nulle part où vivre, en raison d’un manque d’argent, mais également de place. Face à ce constat, une nouvelle tendance se démocratise de plus en plus dans notre pays où la demande est forte : la cohabitation intergénérationnelle solidaire. Mais l’offre n’est pas encore tout à fait au rendez-vous. 

En quoi consiste la cohabitation intergénérationnelle solidaire ? 

Une précision avant tout : nous ne parlons pas de « colocation », car il est ici question d’un échange entre deux personnes. Que vous soyez senior ou que vous ayez moins de 30 ans, il s’agit d’un partenariat donnant-donnant. En échange d’une chambre meublée et d’un accès à la maison, la personne âgée demande une contrepartie financière qui peut varier en fonction des services demandés. Cela peut être simplement du temps passé ensemble, lors de promenades par exemple, mais cela peut tout aussi bien être des services rendus, comme le ménage, le repassage, faire la cuisine ou les courses. Il n’est pas question d’une relation d’employeur-employé, mais bien d’un échange de bons procédés. Ainsi, le senior est coupé de sa solitude, a de l’aide à la maison et un complément de revenu, et le jeune peut se loger à prix abordable.

Quelles conditions pour être éligible à la cohabitation intergénérationnelle solidaire ?

Tout d’abord, le loueur doit avoir au moins 60 ans. Qu’il soit propriétaire ou locataire de son logement, il s’engage à louer ou sous-louer une partie de son logement moyennant une contrepartie financière modeste. Si le senior est locataire, il doit avertir son bailleur de son intention d’avoir recours à la cohabitation solidaire, mais ce dernier ne peut pas s’y opposer. Nul besoin d’une autorisation dans ce cas. Pour le locataire, la seule condition est d’avoir moins de 30 ans. La cohabitation intergénérationnelle solidaire peut concerner aussi bien le parc privé que social (HLM).

La chambre doit mesurer au minimum 9 m², et les accès aux pièces communes, comme la cuisine et salle de bains, doivent être libres.

Quel contrat établir ?

Il faut savoir avant tout que le contrat de cohabitation solidaire ne peut pas être transformé en contrat de bail « classique » lors de sa reconduction. La durée du contrat est librement choisie par le senior et le jeune. Il en va de même pour les modalités. Si l’une des deux personnes souhaite mettre fin au contrat, le préavis est d’un mois. Vous pouvez établir ce contrat vous-même, ou choisir de passer par une association, qui vous accompagnera dans vos démarches. Selon la région où vous habitez, l’association ne sera pas la même. Vous trouverez en bas de cet article les liens utiles afin de savoir à qui vous pouvez faire appel.

Comment est fixé le prix du loyer ?

Pour le parc social, le montant de la participation financière est calculé au prorata de la surface sous-louée par rapport au loyer principal, charges comprises. Pour le parc privé, le montant est fixé librement par le senior, mais doit être inférieur au prix de la valeur marchande. Il pourra être ajouté au contrat des demandes de services, mais il ne pourra y avoir de lien de subordination entre le jeune et le senior.

Comment trouver un cohabitant ? 

Plusieurs choix s’offrent à vous. Vous pouvez passer par des annonces en ligne, sur des sites comme pap.fr ou leboncoin.fr. à n’importe quel moment de l’année. Les démarches seront alors faites de A à Z par le senior ou sa famille. Si vous souhaitez n’avoir aucune formalité à faire, il faut alors passer par une association qui se chargera de tout. Cela peut être rassurant pour le senior, car une sélection et présentation du candidat sont assurées. Elle se chargera également de la rédaction du contrat de cohabitation pour vous, et en cas de litige l’association est présente. Les deux parties doivent alors payer une cotisation, variable selon les associations, d’environ 130 € à l’année. Il est conseillé de s’inscrire vers le mois de mars afin d’avoir un cohabitant en septembre.

La cohabitation intergénérationnelle, une solution à la crise du logement et au maintien à domicile ?

Même si la cohabitation intergénérationnelle se démocratise, il n’y a encore en France que peu d’offres : en effet, il n’y a qu’une offre de senior pour dix demandes de logement. Les personnes âgées sont en effet assez réticentes, et ont du mal à faire confiance à un étranger qui pourrait venir s’installer chez eux. Il faudrait alors sensibiliser les seniors, et leur expliquer que la cohabitation se fait dans une démarche sociale et d’entraide, et que chacun gagnera en lien social.

 

Les liens utiles
•    http://digi38.org/reseau_lis
•    https://reseau-cosi.org
•    http://www.ensemble2generations.fr/


Estelle Nicolle – Experte santé et famille chez Vitadom.